vendredi 14 mars 2014

LE MYANMAR, un pays qui sort de l'ombre.


   Si je vous dis MYANMAR, vous pensez que c'est le nom d'un nouveau bar qui vient d'ouvrir au Puy. Si je vous dis BIRMANIE, vous voyez un vague pays et le nom d'Aung San Suu Kyi va éventuellement vous venir à l'idée. Et bien le Myanmar et la Birmanie, c'est la même chose : un pays d'Asie, encadré par l'Inde à l'ouest, la Chine au nord et la Thaïlande à l'est. Cet état est essentiellement connu pour sa dictature dirigée par des militaires. Mais depuis quelques années, la Birmanie s'ouvre au monde entier, aux touristes et c'est actuellement le pays à la mode du fait de son caractère authentique et encore préservé. Tout le monde en parle et souhaite voir ça avant que le tourisme de masse change les mentalités des habitants. Grâce à Jean-François A. mon collègue informaticien "véreux" à la MSA et grand voyageur, je vais pouvoir découvrir ce pays qui sort de l'isolement.

   Avant de poser le pied sur le sol birman, il faut en passer par les bureaux de l'administration. Vous devez demander un visa d'une durée de 3 mois mais valable seulement 28 jours sur le sol birman. Le visa n'est pas délivré à l'aéroport, il est possible de le demander en France à l'ambassade de Birmanie. Nous avons décidé de le récupérer à Bangkok. 


   Il faut compter une bonne journée pour l'avoir : le matin pour le demander et l'après midi pour récupérer le passeport. Les files d'attente sont longues mais cela permet de discuter avec des personnes qui vont également faire le voyage. Attention, l'ambassade est fermée le samedi, le dimanche ainsi que les jours fériés thaï et birman. JF s'est fait piégé et a perdu 2 jours de voyage pour récupérer le précieux sésame.
   Mon séjour d'une durée de 19 jours se découpe en 4 étapes principales : Mandalay pour l'arrivée et le départ ; Kyaukme pour des treks dans les montagnes ; la région du lac Inle ; la ville de Bagan pour ses temples. Ces villes forment un triangle au centre de la carte du pays. Le séjour est trop court pour explorer des régions plus lointaines au nord ou la capitale Yangon et les plages du sud. De plus, tout le territoire n'est pas ouvert entièrement aux touristes, il faut parfois demander des droits de passage. Comme c'est la saison sèche en février-mars, les températures sont élevées (surtout l'après midi), les pluies quasi inexistantes. Par contre les nuits passées en altitudes sont très fraîches : nous nous sommes réveillés un matin avec 5°C dans une maison bien aérée.



MANDALAY :
    Mandalay est la seconde ville du Myanmar. Dès mon arrivée, je suis frappé par une chose : les pagodes ! Ici, c'est un peu la capitale religieuse du bouddhisme birman. En sortant de l'aéroport, les dômes dorés de dizaines de pagodes brillent à l'horizon. Les toits des temples sont aussi très nombreux et il y a environ 150 monastères dans la cité. Il est possible d'admirer tout ça du haut de Mandalay Hill, une colline parfaite pour les couchers de soleil. J'ai visité mes premières pagodes et vu les premiers bouddhas d'une longue liste ici.


   Les visites à faire ici sont le Palace (je ne suis pas rentré dans ce grand carré de 3 km de coté car l'entrée était un peu chère et les bouquins ne le conseillaient pas), un magnifique monastère en teck, des dizaines de pagodes et d'autres temples. J'ai fait ces visites en compagnie de Meika, une allemande rencontrée dans le vol Bangkok-Mandalay. Elle n'avait pas de programme pour son séjour en Birmanie mais finalement est restée avec JF et moi durant 16 jours. Grâce à elle j'ai encore travaillé mon anglais, découvert la méditation (j'ai des progrès à faire) et nous avons partagé les frais d'hébergement et parfois de transport.
   Dans les environs de Mandalay, nous avons découvert les villes de Mingun et d'Amarapura. Pour rejoindre Mingun, j'ai fait le trajet d'une heure sur le fleuve à bord d'un ferry destiné aux touristes. C'était bien agréable d'avoir la fraîcheur de l'eau lors de cette mini croisière. Ce bourg abrite deux monstres : la plus grosse cloche au monde (90 tonnes, 4 mètres de haut) qu'on fait sonner en frappant dessus avec un gros bâton ; et le plus gros tas de brique inutile du monde, reste d'une pagode inachevée, haut de 50 mètres, fissuré et ne servant à rien.


   La ville d'Amarapura aussi détient un record, celui du plus long pont en teck au monde avec 1200 mètres de longueur. Pour y parvenir, nous avons pris une moto avec un chauffeur. Le problème c'est qu'il y a un siège seulement pour 2 personnes ! Jean François, le chauffeur et moi, ça fait 3. C'est plus risqué, mais bien plus amusant et un peu moins cher. Je suis encore étonné d'avoir mon genou droit intact après avoir frôlé la poulie d'un moteur local. Le pont en lui-même n'a rien de très spectaculaire mais le coucher de soleil y est magnifique et JF s'en ai donné à cœur joie avec son appareil photo d'autant qu'il y a énormément de moines (JF a une passion dévorante pour les photos de moines).


   Pour rejoindre notre première étape, Kyaukme, j'ai pris un train plutôt « bondissant » avec Meika. Sur certaines portions du trajet d'une durée de 8h, le train se mettait littéralement à bondir sur les rails, comme comme si les wagons voulaient se libérer de cette voie parcourue trop souvent. Tous les passagers se retrouvaient donc en apesanteur 5 centimètres au dessus des sièges. Dur dur pour nos fesses. Une autre curiosité de ce train, c'est le viaduc de Gokteil, qui lui permet de franchir une rivière. D'une hauteur de 270 mètres, il est le plus haut du monde. Tous les touristes présents dans les wagons se précipitent alors aux fenêtres, appareil numérique au poing, comme ils le font dans les gares, ce qui m'a rappelé les images de Madagascar (voir l'article de ce blog « Madagascar en touriste »).



   En parlant de touristes, il faut que je signale leur présence en masse. Comme on dit qu'il faut profiter de la Birmanie maintenant tant qu'elle est encore authentique, tout le monde se précipite. Les français en particulier sont très nombreux et de tous ages. Les tours opérateurs ont flairé le bon filon et des bus bondés d'occidentaux débarquent sur les mêmes sites ou les mêmes temples comme à Inle ou à Bagan. Cela donne des temples surchargés de plus de 300 touristes, les yeux braqués sur l'écran vidéo de leur smartphone, tablette ou appareil photo, en oubliant même de profiter du moment présent et du spectacle environnant. Il est navrant aussi de voir certains « pécheurs » du lac Inle prendre la pause pour une photo plutôt que des poissons, pour des dollars venant des touristes. Et le tourisme de masse va encore s'accentuer dans les 5 ans à venir vu le nombre d’hôtels en construction partout. Ma présence en Birmanie fait réfléchir sur tous les changements que cela provoque au niveau local.



KYAUKME :
   Dans la ville de Kyaukme, nous avons fait 2 treks de 2 jours dans les montagnes environnantes. A chaque fois nous avons dormi un soir dans un village éloigné avant de retourner en ville. Kyaukme est entouré de villages isolés où des populations d’ethnies différentes vivent de façon encore assez traditionnelle. Parmi ces ethnies, nous avons vu des Mons, des Palaungs ou encore des Shans. Ils viennent soit de Chine, du Tibet ou encore sont des descendants des Kmers du Cambodge. Difficile de les distinguer les uns des autres car les visages sont semblables, seuls les détails des vêtements et les dialectes sont différents.

   Difficile aussi d’être proche d'eux car nous ne sommes que de passage, comme de nombreux autres groupes de touristes et j'ai eu un peu l'impression de n’être qu'un apport financier dans leur vie. Malgré tout les birmans sont toujours très souriants, prêts à prendre la pause pour une photo ou à vous ouvrir la porte pour un thé. Les hommes sont généralement vêtus de robes, qui rappellent les kilts écossais mais en plus long, et qui sont nommés les longyis. Les femmes, enfants et parfois les jeunes sont maquillés sur le visage. Cette crème jaune pale est purement esthétique et provient de l'écorce d'un arbre.

   Il y a également eu des échanges culinaires puisqu'ils nous ont servi des repas gargantuesques les soirs et que nous leur avons fait goûter une spécialité auvergnate : le saucisson ! En effet, grâce à JF qui a fait le convoyeur, 2 précieux saucissons ont été sacrifiés dans les montagnes birmanes. Ils ont été appréciés par mes papilles et semble-t-il par les autochtones. Merci Maman pour la charcuterie !

   Le premier trek a été dirigé par l’expérimenté Neing-Neing (prononcez en anglais 9-9), un guide génial, tantôt magicien, tantôt blagueur, toujours serviable, capable de porter 3 sacs à dos et connaissant la montagne comme sa poche. Son anglais est parfait et il vous explique la vie des villageois entre deux collassions. Un guide à embaucher impérativement si vous venez dans le secteur.


   Notre second guide était John, jeune guide birman qui nous a essentiellement indiqué le chemin mais qui essayait de parler en français. Grâce à lui nous avons approché les villages au guidon d'une moto cette fois. J'ai fait le pilote de cet engin de 110 cm cube avec boite automatique au pied gauche et ne dépassant pas les 50 km/h. JF était mon passager et nous avons effectué une petite cascade dans une montée sablonneuse. La roue avant a perdu son adhérence et nous sommes tombés comme des bouses. Aucun bobo, nous étions quasiment à l’arrêt !


   Les paysages nous ont parfois rappelés la vallée de l'Allier ou encore l’Ardèche au niveau de la cote de Mayre (remplacez les genets par des pieds de thé et les châtaignais par des pins et vous y êtes).

   Nous avons également fait un trek à la ville de Kalaw quelques jours plus tard. Le guide Taxi de l'agence Green Discovery était parfait et la région beaucoup plus agricole. Nous avons randonné en compagnie de 3 français : Anne-Claire, Ninon et Marius.


   La ballade s'est faite au milieu des rizières asséchées en cette saison. Les terres sont alors occupées par des plantations d'ails, de fraises, de pois mais aussi de lentilles (pas vertes comme au Puy mais blondes). Les plantations de thé commencent à être concurrencées pas des plantations d'agrumes comme les oranges et les mandarines. Avant tous ces champs étaient occupés par des fleurs d'opium qui servaient à la fabrication de l’héroïne. Les poiriers étaient en fleur dans les campagnes et nous mangions du raisin à table : décalage des saisons par rapport à la France.



   Nous avons testé le jeu de balle local : le chinlon. Un filet de badminton, deux équipes de 3, une balle en rotin tressé à renvoyer avec pieds, genoux ou tête et c'est parti. Avec Marius et JF, nous avons marqué quelques points mais les birmans auraient moins fait les malins au volley !





LE LAC INLE :

   Nous avons ensuite séjourné au bord du lac Inle, où des hordes de touristes débarquent tous les jours. Les moteurs 2 temps des barques pétaradent en cœur toute la journée pour emmener tout ce beau monde visiter les villages sur pilotis au centre du lac, les jardins flottants des habitants et les spécialités des artisans locaux (soie de lotus, cigare, papier...). 


   La pêche aussi est spécifique ici : comme la profondeur maximale n'est que de 6 mètres, le pécheur se met debout sur sa barque pour voir les poissons et pagaie à l'aide de sa jambe, technique unique au monde. La dernière curiosité du lac est le vignoble le dominant. Tenu par un français c'est le seul vin birman actuellement. Nous avons goûté le rouge, le blanc et le rosé local : et bien à 12$ la bouteille, il vaut mieux acheter un bon Gigondas ou un autre Cote-du-Rhone.

   Plus le voyage avancé et plus les dépenses s'accumulaient évidement. Mais heureusement pas autant qui ce qui avait été prévu. Tous les sites internet annoncent des chambres hors de prix et des coûts importants pour les activités. Durant plus de 2 semaines, nous n'avons jamais payé une chambre plus de 10$ chacun (environ 10.000 kyats la monnaie locale) sans avoir à trop chercher. Les chambres n'étaient pas toujours parfaites (nous avons dormi sous un pigeonnier à Kyaukme), mais suffisantes et le fait d’être 3 nous a permis de diviser les coûts. Pour se nourrir, on peut compter sur 5$ par jour si on tourne au plat local ou au classique riz-nouilles fris. Quand aux excursions, elles sont raisonnables : compter 30$ pour 2 jours de trek avec repas et nuit chez l'habitant.


   Bref le budget n'a pas explosé. Le seul truc énervant, c'est parfois une taxe touristique prélevée à l'entre des villes (10$ à Inle, 3$ à Mingun...) qui va directement dans les poches d'un gouvernement pourri.



BAGAN :


   Nous avons échappé à cette taxe sur le site de Bagan (13$ d'économisés) et rien n'est venu gâcher le magnifique spectacle de dizaines de temples en brique répartis sur une superficie de 42 ha. Les pagodes, stupas et autres monuments sont plus de 2000. Pour vous faire une idée, il y en a autant que des ramasseurs de champignons l'automne dans les bois de la Chaise-Dieu, c'est vous dire ! L'aurore est sublime (avec en plus le spectacle des montgolfières) mais n'égale pas les lumières du coucher de soleil. Alors les temples sont pris d'assaut par les touristes qui récupèrent d'une journée de visite du site généralement réalisée à l'aide d'un vélo.

   Ce site n'est pas classé au patrimoine mondiale de l'UNESCO mais le mériterait largement. La pagode de Shwezigon est la plus vénérée de toutes à Bagan car elle abriterait un os de Bouddha. Dans chacune des stupas, on peut voir 4 grandes statues de Bouddha qui garde chacune un coté de l'édifice. Les murs des couloirs sont parfois décorés peintures pouvant remonter au XIéme siècle.

   Bagan est tourné à 100%vers le bouddhisme et il en est de même pour toute la Birmanie. Il m'est impossible de dire le nombre de pagodes que nous avons vu et visité, et encore moins le nombre incroyable de statuts de Bouddha croisées lors de ces 19 jours (en or, en pierre, en bambou, en plâtre, illuminé par des guirlandes de Noël...).


   Nous avons visité 3 grottes où les statuts de Bouddha sont renfermées. Dans la plus belle des 3 mais aussi la plus petite, il y avait pas moins de 8000 Bouddhas ! 90 % de la population est bouddhiste. Les moines, aspirants-moines (en habit rouge brique) et les nonnes (en habit rose) sont présents à chaque coin de rue. La carte mémoire de l'appareil photo de Jean-François était au bord de la surchauffe.



   Un dernier petit mot sur le Myanmar concernant la vie ici. Le pays est dirigé depuis de nombreuses années par une junte militaire qui reste au pouvoir par la force. Les militaires sont présents dans toutes les villes et bien visibles avec leurs treillis (le mauve de la police est parfaitement ridicule et ressemble plus à un pyjama). Les touristes ne sont pas dérangés mais c'est bien différent pour les populations locales. Les Droits de l'Homme sont souvent bafoués , les locaux sont forcés à construire ou à rénover les routes. Parfois des populations entières sont déplacées pour effectuer des travaux dans d'autres régions. Pour cela le tourisme peut être bénéfique car la présence des étrangers empêche les dirigeants de faire absolument tout ce qu'ils veulent.


PHOTOS EN VRAC :

Va comprendre quelque chose à ce qui est écrit !

En rang d'oignon dans un champ d'ail.


Quelques engins motorisés de Birmanie.






Le viaduc de Gokteil et la vue depuis le viaduc.


Sur le lac Inle.


Friandises locales.


Savoir si The Lady aime notre saucisson ? 

Temple de nuit.
Sur le pont de teck.




Pour avoir une idée de la taille de l'arbre, regardez JF au pied ou le bus qui passe dessous !


Moines à l'école ou au temple de teck.










Femmes de différentes ethnies de la Birmanie.








Le zébu est différent de Madagascar mais le char est le même. 

Sonneur de cloche.

Temple à Mandalay.

Maoukilai Vincent : au milieu des bouddhas.

Paysages de randonnée.

Un saint homme pour les chats.

Des tonnes de pastèques circulent tous les jours en Birmanie.


Marché local.


Étrange casque de moto à la mode en Birmanie !

Comment se protéger du soleil en randonnée !
Buffle d'eau en attente de travailler dans les rizières.

Le cheval est très utilisé mais seulement avec un attelage.




Remarquez le vêtement et la position de ce pécheur du lac Inle. 

En route pour l'école.

Temples de Bagan pour finir.



Des Bouddhas par milliers :
















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