vendredi 13 décembre 2013

MADAGASCAR : au Centre APAEA d'Antsirabe.

  Au départ, l'idée était de repasser à Madagascar. Pour donner un peu plus de relief à mon séjour, mais aussi pour retrouver des habitudes de voyageur, j'ai décidé de donner un coup main dans un lieu que je connaissais déjà. 
Le Centre, c'est le grand bâtiment  A droite vous pouvez voir les cuisines (avec 4 cheminées). Ma chambre est dans le petit bâtiment en brique rouge au milieu (volet rouge fermé).


La vie au Centre social APAEA-Tsinjoanjara d'Antsirabe :

  L'APAEA (Association pour le Parrainage et l'Aide de l'Enfant à l'Adulte) est une association ponote, gérée par Mme BARNAUD à Mons. Cette association a permis d'aider les enfants de la ville d'Antsirabe à Madagascar. L'aide se fait dans un premier temps par la distribution d'environ 500 repas tous les jours d'école aux enfants des quartiers les plus pauvres de la ville. Pour cela une cantine fonctionne du lundi au vendredi dans le Centre APAEA. Ce repas est souvent le seul de la journée des petits malagasys. En tout, 650 enfants sont inscrits au Centre.
  Outre le repas de midi, le Centre accueille également une cinquantaine d'enfants n'étant jamais allés à l'école pour leur apprendre les rudiments : lire, écrire, compter. Il s'agit de la classe d'alphabétisation. Deux enseignantes sont chargées de ces enfants. Pour les jeunes filles plus âgées de 15 à 20 ans, le Centre met en place une école ménagère en 2 années. Ainsi, ces jeunes filles peuvent faire des petits travaux (broderie, cuisine, ménage, garde d'enfants...) et gagner leur vie après l'apprentissage. Il y a 60 jeunes filles sur 2 niveaux qui obtiennent un diplôme reconnu au bout de leurs efforts. 
  
Tous les jours, ils sont des dizaines à attendre patiemment pour s'inscrire puis pour manger une assiette de riz accompagnée de feuilles de bredes (sorte d'épinards), de haricots, de pois ou un peu de mais. Tout un petit monde s'active dans les cuisines.

Pendant ce temps dans la cantine, pas le temps de laisser refroidir ! Derrière, il y a du monde qui attend pour prendre la place. Alors que l'on soit petit ou grand il faut finir l'assiette jusqu'au dernier grain de riz !

  L'aide ne s’arrête pas là. Certains élèves du quartier sont suivi et sont aidés dans leurs études au collège et aussi au lycée. Le financement des études est un réel problème pour les jeunes malgaches car le coût annuel est souvent très important pour chaque élève. Une bonne partie des jeunes arrive au Bac mais très peu arrivent à financer la faculté ou les autres études supérieures.
  En cas de coup dur, l'APAEA est aussi là pour financer et aider les personnes dans le besoin. Par exemple une opération ou un traitement médical sont souvent hors de prix : imaginez qu'en France il n'y ai pas de Sécurité sociale ! Les familles les plus pauvres ne peuvent pas avoir un budget aussi important. Dans ce cas elles se tournent vers l'APAEA qui est là pour faire l'avance.
  Au Centre, il y a aussi un bâtiment avec 3 chambres pour les jeunes sans famille. Ils sont une petite dizaine à partager le lieu. Généralement ils sont encore en train de suivre des études. Si ce n'est pas le cas, ils donnent un coup de main au Centre pour le nettoyage ou encore la préparation du repas de midi.
C'est un jardin extraordinaire : il y a des courgettes, des chouchettes et des bredes (quezaquo : cherches sur le web), des bananiers, des orangers, des tomates, des pieds de verveine (très important ça voir indispensable pour un vellave), des avocatiers, de la consoude, du manioc, un élevage de cochon, des poulets... Tout cela pour le Centre ou pour financer les repas.

  Toute ce petit monde gravite autour d'une équipe. La directrice est sœur Yvonne, le sous directeur Haja, les comptables Nicole et Noro, sœur Noro donne un coup de main, les bricoleurs sont Joseph, Edgard et Georges, Léon fait les sculptures, les profs de français, de broderie, les cuisinières....
Pour avoir tous les détails de l'APAEA et peut être participé à cette action, vous pouvez regarder le site Internet : www.msa-auvergne.fr ... euh non ce sont les vieilles habitudes du boulot qui remontent. C'est apaea.jean.paul.barnaud.over-blog.fr/. Ce site est un peu dépassé car il est vieux de 7 ans, mais il est en cours de mise à jour.

  J'ai une mission principale ici : Madame BARNAUD m'a demandé de retrouvé tous les parrainés malgaches, de prendre des nouvelles, des photos et de transmettre tout cela en France aux parrains. C'est très important car sans les parrains, pas de financement et donc pas de Centre à Madagascar. De plus, certains parrains participent depuis le début de l'aventure (en 2002) et les nouvelles des parrainés sont parfois rares. Il y a environ une cinquantaine de parrainés, que ce soit des famille, des enfants ou des jeunes au lycée. La plus grande partie habitent le village d'Ampatana dans la banlieue d'Antsirabe, à proximité du Centre. Ce quartier avait été ravagé par des pluies torrentielles au début des années 2000. C'est ainsi que Madame BARNAUD a décidé de débuter son aide. Ampatana est le quartier des tireurs de pousse-pousse qui sont des personnes très pauvres (et qui sont, en plus, concurrencés par les bus mis en place par la municipalité). Les situations sont très différentes pour les parrainés et certains s'en sortent mieux que d'autres. La vie est très dur ici et le moindre grain de sable (maladie, mort d'un zébu, matériel cassé ou volé...) peut venir ruiné des années d'effort.

  Hormis ces recherches, je participe à la vie de tous les jours au Centre. Je donne un coup de main à droit à gauche, je touche à tout. J'ai aidé à construire une cabane pour stocker du matériel, je participe à la distribution de la nourriture le midi, je donne des cours de français (!! je ne vais pas ressortir mes notes du collège !!), je fais faire du sport ou du coloriage en alphabétisation, j'aide un peu en informatique... Bref, je ne m'ennuie pas.
En classe d'alphabétisation lors de la distribution de vêtements pour Noel.

  Le week-end, lorsque les enfants ne sont pas là, je prend plus de liberté. Je peux visiter les environs de la ville, faire un tour au marché aux zébus, monter au lac Andraikiba ou répondre aux nombreuses invitations qui me sont faites. Mais ce que j'aime bien , c'est partager la culture culinaire. Tous les soirs de la semaine, je mange avec sœur Yvonne et la petite cuisinière Soa. Alors une fois par semaine, je cuisine un plat plus européen, ça nous change du riz et des fruits. La première fois, c'était un gratin dauphinois, pas mauvais. Après j'ai réussi une mousse au chocolat : c'était la première fois que Soa y goûtait ! Elle a dit que c'était « Tsara be ! » c'est à dire très bon. Un civet est aussi prévu au menu mais c'est à moi de tuer le lapin... Pour le repas de Noël où nous serons 15, je suis affecté à la préparation de la mousse au chocolat, du gâteau, de la glace à la mangue et de la pizza européenne (qui sera mis en concurrence avec la pizza malgache). Je vous donnerez le résultat de ce terrible duel.

Rino, mon aide en cuisine en train de déguster les desserts de Noel : Glace à la mangue, gâteau à l'ananas et mousse au chocolat. Victoire de la pizza malgache dans le choc des pizzas : ils ne sont pas habitués au jambon-fromage ici.

  En temps que professeur de français, autant casser les codes. Je ne sais pas et je n'ai jamais appris à donner un cours, alors j'improvise. Pas question de s'endormir avec une lecture ou des exercices de français avec grammaire et orthographe. Ce que veulent les filles de la couture, c'est entendre parler français et connaître notre vie à l'occidental. Alors nous échangeons sur plein de sujets tout au long des 90 minutes du cours. Elles posent les questions, si possible en français, je répond en partant sur tous les sujets possibles. Nous passons de la tour Eiffel à la culture des patates, de la Joconde aux autoroutes. C'est très sympa mais il ne faut pas qu'elle soient timides car sinon ça ne fonctionne pas ! Moi pour mieux me faire comprendre, je fais des grands gestes, j'essaye de m'amuser et des les amuser en même temps. Pour m'aider, j'utilise parfois des images dans des livres. Par exemple, nous étions en train de regarder un photo de Buzz ALDRINE sur la Lune et je leur explique comment le 21 juillet 1969 avec Neil ARMSTONG, ils ont marché sur la Lune(toutes les filles n'étaient pas au courant). Je tourne la page du livre et une nouvelle photo m'inspire une question : « Vous savez ce qu'ils ont trouvé sur la Lune ? » Pas de réponse, mais mon sourire les intrigue un peu. « Et bien tournez la page et vous verrez ! » Elles tournent la page et toutes me lancent des regards apeurés. Même la prof madame Minou ne comprend pas. Je ne pensais pas que la tête d'ET de Spielberg leur face un tel effet.

LA VIE MALGACHE A ANTSIRABE :

Comment se passe la vie ici ?

ATTENTION : IL NE FAUT JAMAIS OUBLIER UNE CHOSE : 8 malgaches sur 10 vivent avec moins de 1 euros par jour. Le salaire mensuel moyen est donc de 30 euros ! Même si les prix sont plus bas pour certaines choses, ce n'est pas le cas pour tout (par exemple les médicaments sont aussi chers qu'en France). 

  Les photos sont peut être belles, les anecdotes sympas, mais ce n'est pas tous les jours rose pour ceux qui vivent ici. Rien que mes baskets et mon appareil photo représentent le salaire d'une année ! Il y aura toujours un regard différent pour le vazaha (l'étranger, le blanc...). Moi j'essaye d’être au plus proche d'eux, dire un ou deux petits mots en malgache... J'ai toujours mon chapeau malgache en raphia  vissé sur la tête et cela leur fait plus plaisir qu'une simple casquette, enfin il me semble. La misère et la pauvreté sont parfois extrêmes. Pas facile de voir les gamins hauts comme 3 pommes faire la manche dans les marchés avec dans le dos un plus petit encore. Je devais en parler, c'est fait, je mettrai peut être des photos plus loin.

  Ce qui est vraiment pratique à Madagascar, c'est que beaucoup de monde comprend le français et quelques personnes le parlent très bien : merci la colonisation pour cela. Lorsqu'il faut faire quelque chose, il y a toujours quelqu'un au Centre pour me traduire. Dans la rue, c'est pareil, aucun problème pour se faire comprendre. 
  La rue justement, parlons en un peu. Imaginez qu'en France chaque personne ayant une maison donnant sur la rue ouvre un petite boutique ! Tout au long du trottoir, on peut acheter des fruits, des beignets de légume ou de banane, des piles et des jouets, des recharges de téléphone mobile, du riz : tout pour bricoler ou se nourrir. C'est très pratique et pour les malgaches, c'est une source de revenu même si le bénéfice doit être maigre à la fin de la journée car la concurrence est rude tout au long de la rue (même si les prix sont souvent identiques). Sur la route, il faut zigzaguer entre les piétons (comme le trottoir est encombré par les boutiques), les vélos, les tireurs de pousse-pousse, les bus, les charrettes, les kings (touk-touk à 3 roues), les voitures et les trous dans la chaussée. Bref ça donne quelque chose difficile à retranscrire sur les photos. Mais tout ce monde cohabite bien et il y a rarement des accrochages. Si vous voulez savoir, il va falloir venir vérifier par vous même !

Pas facile de montrer l’effervescence de la rue avec une simple photo !

  Actuellement, c'est la saison des pluies. C'est à dire qu'il fait un magnifique soleil et chaud le matin (environ 20°) puis vraiment très chaud à midi, le ciel se couvre de nuages et généralement un orage éclate vers 4 h. Si c'est au loin, la température redevient agréable, si c'est sur Antsirabe mieux vaut prendre un parapluie ou un Kway. 
  Ce qui est bien avec la saison des pluies, c'est qu'il s'agit aussi de la saison des mangues et des litchis. Pauvre français qui ne connaît pas le goût sucré et merveilleux des mangues fraîches : attention de ne pas en abuser tout de même : l'autre jour j'en ai mangé 4 dans la soirée et mon estomac a eu du mal à supporter l'apport de sucre ! Quand aux litchis... comment vous dire... les meilleurs qui arrivent en  France sont les moins bons d'ici. Un kilo se vend 400 ariarys en pleine saison, soit 14 centimes. Autant vous dire que j'en profite un maximum !

Moi, ma barbe et mon chapeau accompagnés d'un apalbé (un fruit au parfum divin : un fruit du jacquier en français). Quand le fruit doit tomber de l'arbre, tu te le prends sur la courge, c'est direction l’hôpital le plus proche !

  Une chose sur la vie malgache : elle commence très tôt. Normal, ici on vit avec le soleil ! Donc réveil à 5 heure pour les flemmards avec un grosse matinée jusqu'à midi. Et généralement on se couche au plus tard vers 21 heure. En fait, c'est un super rythme car au moins la journée est très bien remplie. Et puis comme les gens n'ont pas d'électricité donc pas de lumière (ou lorsqu'il y en a les coupures sont assez fréquentes), vivre avec le soleil est l'idéal.

  J'ai eu un sentiment de déception en arrivant le 4 décembre. Je vous ai dit plus haut que j'ai déjà fait un séjour ici en mars 2010. Et bien depuis, il me semble que la pauvreté et la pollution se sont accentuées  Je vois de plus en plus de grosses voiture européennes et des 4x4 flambant neufs. Mais à coté, la population pauvre est toujours sans rien, les familles s'entassent à plusieurs générations dans des pauvres cabanes de brique. Il y a vraiment des situations hallucinantes. J'ai vu une famille de parrainés vivre à 10 dans 8 mètres carrés : pas facile pour vivre et dormir !

  Si un animal est important pour les malgaches, c'est le zébu. Non seulement il permet de labourer les parcelles de riz ou encore de tirer les charrettes dans la vie de tous les jours mais en plus il a un caractère sacré. Il est symbole de richesse, de prestige et de puissance pour son propriétaire. Parfois, lors de certaines cérémonies, un zébu est sacrifié comme une offrande. Depuis quelques années, les vols organisés de zébus se multiplient et sont parfois très violents. Les paysans essayent de défendre leur cheptel mais aucune aide n'arrive de l'état et comment voulez vous lutter contre des kalachnikovs ? Le zébu est également une très bonne viande digne des charolaises de Haute-Loire (peut être pas le fin gras du Mézenc). Un bon steak de zébu, c'est un régal.
Comme un air de far-west dans la campagne malgache. 

Un beau spécimen !

  Ici, la moyenne d'âge est de seulement 21 ans, la moitié de la population est constituée d'enfants et d'adolescents. C'est parfois impressionnant comme par exemple le jour où j'ai assisté à un baptême. Ce n'est pas du tout comme en France, on ne baptise pas un seul enfant, on fait un tir groupé dans l'église avec 150 enfants, vous ajoutez les parents, parrains et marraines, la grande église est déjà à moitié pleine. Les curés font des signes de croix sur les fronts à la chaîne et les mamelons sortent des corsages à chaque fois qu'une petite bouche crie famine.
  Dans les écoles, les classes sont surchargées, (pour ceux qui y vont) il est normal de voir des classes d'au moins 50 élèves. Le niveau scolaire est assez bon car les jeunes sont nombreux à avoir le Bac et à aller à l'université. Reste que, pour la suite, les places sont chères, peu d'emploi et corruption nécessaire pour l'obtention d'un poste. Pour l'instant, sans stabilité politique, les jeunes se trouvent sans emploi.
 Tout ce monde, ce sont les parents et les bébés pour les baptêmes  Pas mal !  

  Presque tous les matins, je me réveille au son des hurlements de cochons qui se font saigner. Il doit y avoir des abattoirs dans le secteur. Ceci explique un manège qui se déroule chaque matin : la livraison des bouchers. Les demi-carcasses de porc et les quarts de zébu sont livrés en pousse-pousse ou bien avec charrettes dans chaque boutique. Le boucher se met immédiatement au travail en découpant sa viande à la vue de tout le monde et en particulier des chiens errants qui espèrent qu'un bout tombe à terre. La viande est ainsi relativement fraîche même si elle reste toute la journée exposée dans la rue.
Devant la boucherie. 

  Lorsqu'on se déplace dans la région d'Antsirabe qui s'appelle les Hautes-Terres, l'habitat des campagnes est très caractéristique. Le seul matériau de construction c'est la brique. Traditionnellement les toits sont en chaume de riz mais désormais il arrive qu'ils soient en taule ondulée, si le village n'est pas trop inaccessible. Le rez-de-chaussée permet de stocker du fourrage pour les bêtes. Les chambres et cuisines sont à l'étage. Les barrières du petit balcon sont sculptées de façon décorative.      En ville, les maison des plus pauvres sont de simples cabanes. L'ensemble de la famille dort dans la pièce unique qui sert de cuisine et de chambre. Si la maison a deux étages comme à la campagne, le haut peut être loué à une autre famille ou réservé aux enfants qui y vivent lorsqu'ils ont fondé une famille.
La petite maison dans la prairie malgache.

  Ici les légendes n'existent pas, les rumeurs non plus : tout est réel. Avec notre esprit cartésien d'occidental, ce n'est pas facile à comprendre et je n'ai pas de photo mais je vais essayé de vous expliquer. Par exemple les voleurs : lorsqu'ils sont repérés ou lorsqu'ils sont poursuivis, se transforment en chien pour passer inaperçus. Ben oui ! c'est plus simple que de fuir ou que de se cacher.
  Il existe plein de monstres étranges dont il faut se méfier. Par exemple, dans certaines forêts, une sorte de bête se place au dessus de vous si vous faites la sieste, elle lâche une première feuille qui vous tombe dessus, puis une seconde. Si par malheur la troisième feuille vous touche, vous mourrez.
Dans la région de la capitale, des sortes d'ogres sont encore monnaie courante. Ils sortent uniquement la nuit, sont un peu plus grands que des hommes mais beaucoup plus poilus. On appelle ça des bibioules. Il parait que c'est le Président de la République (rien de moins) qui les tient en cage et qui les libère quand ils ont faim. Mais ça, c'est juste les "on dit".
  Et puis il y a toutes les morts inexpliquées mais pour lesquelles les organes ont été prélevés sur le cadavre (!). Par exemple, les prélèvements des cerveaux sont très courants ici (je ne sais pas, par contre, si la greffe n'est pas rejetée...). J'ai essayé d'expliquer que la médecine n'arrivait pas encore à faire les greffes de cerveau (j'ai donné comme exemple Ribery), que les monstres difformes ne sont pas encore répertoriés pas la science (sauf Ribery), mais j'ai senti qu'il ne fallait pas insister car cela semble les contrarier.
  Ne riez pas trop car les personnes qui m'ont donné toutes ces histoires sont très éduquées et ont une bonne culture. Mais bon, c'est peut être moi qui suis dans l'erreur sur tout ça, qu'est-ce que vous en pensez ?


  Les malgaches ont énormément de façon et d'outils pour se déplacer. Commençons par la plus simple : les jambes. Oui effectivement, au départ elles servent à ça. Certains étudiants ou marchands font plus de 20 kilomètres le matin et rentent chez eux le soir !
  Les vélos sont couramment utilisés mais aussi extrêmement usés. Les vieux modèles sont des Atlas et doivent peser un quintal. Les modèles les plus récents sont des BMW, des Shimanos... contrefaçons chinoises et de qualité totalement chinoise puisqu'ils arrivent à casser même neufs. Vous pouvez vous déplacer en pousse-pousse pour quelques ariarys ou leur faire transporter des meubles ou vos provisions. Mais désormais les pousse-pousses sont concurrencés pas des bus locaux qui quadrillent la ville d'Antsirabe. Ils sont très fréquents (toutes les 5 à 10 minutes) et vraiment pas chers (10 centimes la course).
Il n'est pas beau mon taxi-brousse ?

  Pour se déplacer entre les villes, il y a les taxis-brousse. Mais là, c'est toute une histoire. Le taxi-brousse part une fois qu'il a fait le plein de passagers (minimum 14, maximum inconnu mais j'ai déjà vu 27 « sardines ») et plein de bagages (sacs de charbon de bois, sacs de ciment, poulets...). Une fois lancé (généralement très en retard)... ben non, le taxi-brousse s’arrête dans chaque village ou au moindre geste d'un habitant sur la route pour voir si un service n'est pas nécessaire ou bien si rien d'autre ne peut être chargé (bien qu'il n'y ait déjà plus de place). Les chauffeurs sont parfois très fatigués par des longues journées, ils roulent le plus vite possible, les fourgonnettes sont surchargées, les pneus et la mécanique bien fatigués... Tout ceci donne réellement du charme au voyage en taxi-brousse même si c'est long, très long... mais pas cher. Si vous venez à Madagascar, il est obligatoire de le tester (de toute façon si vous voyagez façon sac à dos, vous n'aurez pas le choix). Entre les petits villages isolés reliés par des chemins en piteux état, il existe le même système avec soit des camions bondés, soit des vieux breaks qui ne serviraient même pas de cabane à poule en France.
 Mon taxi-brousse et celui-ci faisaient une petite course. On a perdu mais le chargement de ce Mazda a eu de la chance d'arriver à bon port. Vous pouvez voir l'état de la Route Nationale 7 vers Fianarantsoa (c'est la route principale de Madagascar, autant dire leur autoroute). Ce n'est plus une route par endroit mais des dizaines de trous avec parfois des morceaux de goudron qui marquent le chemin à suivre vers le Sud du pays.

  Il existe une chose spéciale dans les taxi-brousses que j'ai nommé le jeu du CSR. On ne peut comprendre le CSR sans savoir que les malgaches prennent très peu souvent le taxi-brousse car le prix (bien que modeste) est une contrainte importante pour eux. Et les malgaches qui ne sont pas habitués à faire de la voiture vivent 2 situations : soit la route est droite et ils dorment ; soit la route est sinueuse et ils jouent au CSR.
  Donc le CRS commence par des virages. Au bout d'un moment, du fond du taxi, on entend le C : « Chauffeur ! » qui est immédiatement suivit du S « Sachet ! ». Le pilote de l'engin envoie les plus vite possible une poignée de petits sacs plastiques dans la direction des sièges arrière. Et là, par un phénomène totalement surnaturel et encore inexpliqué par la science, les petits sachets se mettent à se remplir de riz au doux sons guttural de « Raoul !!!». Le petit déjeuner ainsi que le repas de la veille se trouvent désormais dans le fameux sachet. Et ce jeux se joue rarement seul car lorsqu'un malgache commence, ses compatriotes du taxi l'imitent. Le jeux prend fin lorsque les petits sachets s'envolent par les fenêtres pour allé s'écraser aux pieds des malgaches qui marchent le long des routes et qui n'ont pas osé prendre le taxi-brousse.

L'HISTOIRE DE COURGETTE LA GENISSE :


  Attention, cette démarches est totalement personnelle et n'est pas faite dans le cadre de l'APAEA. 
  L'histoire de Courgette ne peut être comprise que si on connaît le ZOB, Zébu Overseas Board http://www.zob-madagascar.org/. Il s'agit d'une ONG qui propose moyennant la somme de 200 euros la location-vente d'un zébu à un paysan malgache. Le paysan n'a pas à faire l'avance mais rembourse le prêt en 3 ans. Le préteur retrouve son argent en venant le récupérer directement à Madagascar et peut rencontrer son zébu.
COURGETTE
  Lors du dernier repas avec les collègues de boulot (MSA), ils m'ont offert une cagnotte. Comme le budget était bouclé, je leur ai annoncé que cet argent serait dépensé pour l'achat d'un zébu : un bon petit défi pour mon séjour malgache. Une autre somme d'argent est venue se rajouter, de la part de la famille BOYER.
  A Madagascar, la famille de Martine a été l'heureuse bénéficiaire. Cette famille cumul les pépins depuis quelques temps : mari assassiné, 4 enfants à charge, en novembre, l'un des 2 zébus est foudroyé ce qui rend la charrette inutilisable, appendicite pour la fille aînée en décembre, la dernière vache met bat un veau faible puis elle tombe malade et il faut l'abattre, ne pouvant être nourrit correctement le veau ne survit pas. Bref, j'ai offert l'argent pour l'achat d'une génisse à la seule condition qu'elle porte le nom de Courgette comme je l'avais annoncé aux généreux donateurs français. 
 Petit Rodéo
  Elle est pas mignonne ma Courgette ? Un peu maigrichonne mais c'est une vraie génisse zébu. Elle a une belle robe rayée comme les vaches corse et elle est pleine de tique mais elle fera vite une bonne vache pour nourrir et aider cette famille.
Avec Martine, la nouvelle propriétaire de COURGETTE.
  Merci donc à Christian, Monique et Robert, Alex et Lætitia, Didier, JF, Nathalie, Jo, Cath, Gene, Juju, les Dominique, Marie-Hélène, Michèle dit Miqueline, Fabrice, Patricia, Gérald et ceux à qui je ne pense pas tout de suite. Vous êtes désormais les heureux actionnaire de la multinationale franco-malgache COURGETTE SCI.

  

PHOTOS EN VRAC

Les rizières de la campagne malgache.
Je crois que tu as des canards sur la tête !

Le marché aux zébus d'Antsirabé.

Un malgache regarde pousser son riz. 
  

La classe d'alphabétisation du Centre APAEA.














Une partie de l'équipe du Centre au baptême.



Pensée à la famille JULITTE avec cette partie enflammée de UNO au Centre. 
Un petit sourire pour finir ! 




2 commentaires:

  1. Salut
    Moi ce que je préfère ce sont les photos de ces enfants qui malgré la misère mais grâce a leur naïveté gardent leurs sourires et leurs visages enjoués

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  2. Vincent nous te souhaitons un beau et riche voyage que nous suivons par ton blog précis et émouvant.
    Amitié, bises et tous nos voeux pour cette nouvelle année !
    Catherine et Marc du 79

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